La journée du 8 mars milite pour les droits des femmes, mais elle est souvent mal cernée. Cette date célébrée officiellement par l’ONU est parfois contestée sous prétexte que l’égalité professionnelle est désormais acquise. Pire encore, les marketeurs la détournent pour promouvoir des rouges à lèvres « féministes » ou des chocolats exclusivement réservés aux femmes.
Clarifions à nouveau. Cette journée affirme – chaque année – l’importance de se battre pour les droits des femmes. Elle rend hommage aux combats, passés et présents, menés en faveur de l’égalité femmes-hommes.
« Aujourd’hui, les femmes peuvent intégrer tous les métiers et toutes les fonctions ». Cette affirmation n’est pas fondamentalement fausse. Cependant, elles restent peu représentées dans certains secteurs et postes hiérarchiques stéréo-typiquement plus masculins. Et souffrent de discrimination à plusieurs niveaux.
Rémunération
Globalement, les femmes perçoivent une rémunération inférieure de 28,5 % à celle des hommes. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), les femmes gagnent 16,8 % de moins que les hommes pour une même quantité de travail. À cela s’additionnent des inégalités en termes de taux d’activité tout au long d’une carrière (temps partiel et pauses professionnelles).
Tâches domestiques
Quotidiennement, les Françaises consacrent 3 h 26 pour les responsabilités ménagères et familiales (ménage, courses, soins aux enfants, etc.) contre 2 heures pour les hommes, selon l’Insee. Cet écart tend à se réduire au fil du temps, mais les progrès sont très lents. Il faudrait plusieurs décennies pour équilibrer le partage des tâches domestiques entre hommes et femmes au sein du couple.
Perspectives de promotion
Le plafond de verre reste une réalité présente dans les organisations. Les femmes n’occupent pas plus de 20 % des rôles au sein des comités exécutifs, alors que 37 % des entreprises comptent moins de deux femmes au rang des dix plus hautes rémunérations. On invoque à demi-mots les obligations familiales, ce dans un climat mondial où certains pays régressent en matière de droit à l’avortement (Pologne, Honduras).
Débat de l’écriture inclusive
Alors que certaines démarches militantes des années 1970 restent inachevées, d’autres ont émergé : la lutte contre le harcèlement de rue ou celle prônant l’écriture égalitaire. Selon certaines, ces combats seraient moins prioritaires que les grandes batailles menées par leurs aînées (inégalités salariales, violences conjugales). Cependant, la nouvelle génération d’activistes, même s’il en existe plusieurs courants, affirme avec véhémence qu’il n’y a pas de hiérarchie dans le combat féministe contre le sexisme et le système de domination masculine.
Une journée pour les hommes?
Les hommes demandent souvent pourquoi il n’y a pas de Journée internationale des hommes. En réalité, cette journée existe (le 19 novembre) depuis deux décades sans pour autant avoir été reconnue par l’ONU. Mais la véritable question à se poser serait plutôt pourquoi, en 2021, est-il encore nécessaire d’alerter chaque année sur les droits bafoués des femmes ? La réponse est simple : parce que les femmes ne bénéficient toujours pas des mêmes droits que les hommes dans un environnement sociétal et économique marqué par le patriarcat.
Article complet : Le Monde